L’EVOLUTION DE LA COMMUNICATION DE 1960 à nos jours
A l’approche de 1960, les
événements politiques se bousculent et se précipitent. Les journaux édités par
les congolais deviennent de plus en plus militants, une véritable arme
politique qui tire à bouclés rouges sur l’administration coloniale et la
Belgique. Dans ce contexte les politiciens congolais vont jouer un rôle
important dans la presse. En effet, Lumumba l’a compris très tôt, il devint
correspondant de presse de la croix du Congo et de la voix du congolais publiées
à Léopoldville, la capitale. Il entreprit d’écrire aussi pour la compte de
l’Afrique et le monde édité en Belgique
en 1955 il devint l’éditeur responsable de l’écho postal, organe
trimestriel de l’amicale des postiers. En 1959-1960, il dota son parti
politique de trois organes de combat : Indépendance (Léopoldville), uhuru
(stanleyville) tabalayi (Luluabourg).
Les cinq dernières années
d’indépendance du Congo sont connus pour leurs bégaiement généralisé dû à
l’impréparation et à l’amateurisme de ses dirigeants. Et comme on pouvait s’y
attendre, il en résultat une grande confusion sur le plan politique, économique
et social. La presse congolaise militante et nationaliste, née à la suite des
événements politiques de 1959, déterminer et unie face à l’autorité coloniale, se
trouva fragilisée, divisée, tribalisée, politisée à outrance. A l’aube de
l’indépendance, la jeune presse est ainsi jetée en pâture aux plus offrants.
Les politiciens et certains groupes groupes de pression s’en emparèrent pour
leur propagande. Chaque groupement politique avait son ou ses titres de
presse :Notre Congo pour l’alliance des Bakongo (ABAKO), le congo libre
pour le parti de l’interfédérale, solidarité Africaine pour le parti socialiste
Africain (PSA), Emancipation pour le parti du peuple Action socialiste et
l’indépendance pour le mouvement national congolais (MNC). Cette situation agenda
des mesures arbitraires de l’autorité politique : favoritisme pour
certains, interdictions et arrestations pour d’autres. Redoutant le pouvoir de
la presse, le tout nouveau pouvoir
congolais a reagi de la même manière que l’autorité coloniale. L’arrêté ministériel
de Patrice Lumumba du 11 août 1960 relatif aux mésures exceptionnelles, en cas
de trouble graves, en matière de la liberté de la presse n’est rien d’autre
qu’une copie conforme du décret du gouverneur général du Congo du 06 août 1922,
qu’il a décrié en son temps. Les congolais commencèrent à se demander s’ils
avaient bien fait de renvoyer Tintin en
Belgique.
La presse au Zaïre de Mobutu
(1965-1996)
Pendant une grande partie du
règne de Mobutu, toute critique de la personne du président et des barons du regime, des institutions et du
parti fut interdite. L’article 53 du code pénal prévoyait que les déclarations
du président ne pouvaient donner lieu à aucun débat.
Plusieurs dispositions du code
pénal limitaient la liberté de la presse. En 1972, dans le souci de mieux
censurer la presse l’Etat congolais fusionna certains titres de presse pour les
confier arbitrairement à quelques éditeurs choisis selon leur militantisme et
leur fidélité au guide de la révolution.
Pendant toute cette periode, les une des journaux se
ressemblent : la photo du président Mobutu est devenue omnipresent . l’essentiel
de l’information de la presse tournait tout autour de ses activités, celles des
ces ministres et du parti unique (MPR). L’AZAP (Agence Zaire presse), la seule
agence d’information et de la présidence de la république. Devenue une
veritable caisse de résonance des idées et des opinions du parti et de ses
sbire, la presse libre cess a
d’exister au Zaire.
Il fallut attendre 1981 pour voir
une petite avancée sur le plan de la libertée. En effet, l’ordonnance loi du 02
avril 1981 introduisait une liberalisation de la presse.
Le début des années 90 soulevant
un vent de changement et suscita beaucoup d’espoir au Zaire et dans le reste d’Afrique.
Mobutu dans son discours du 24 avril 1990, le président décida de donner une
nouvelle orientation à la vie politique du Zaire dans le sens d’une ouverture
démocratique.
Il annonça toute une série de
mésures pour lancer le pays à la voie du changement démocratique :
pluralisme politique, liberté d’opinion, liberté de port vestimentaire, liberté
de la presse et d’expression. Dans la foulée, plusieurs titres de presse sont
nés et se sont constitués en deux blocs : la presse dite d’opposition,
d’une part, et celle proche du pouvoir, de l’autre. Une expression
journalistique, alliant l’information et divertissement, caractérise cette
période : la caricature.
La presse au temps de Laurent Désiré Kabila : le retour du Congo
Laurent Désiré Kabila prend
le pouvoir en 1997. Le Zaïre redevient la République Démocratique du Congo. Sur
le plan des libertés individuelles et d’expression, il n’y a pas de changement.
La presse kinoise dénonça une dérive totalitaire dangereuse et multiplia les
mises en gardes les velléités de retour
au parti unique. En renouant avec les intimidations, les arrestations,
l’emprisonnement des journalistes pour atteindre à la sureté de l’Etat et
collision avec les forces ennemis, on en est revenu aux pires années du
mobutisme. Cette période est caractérisée par l’apparition d’une certaine
presse de la haine-anti rwandaise. C’est dans contexte de persécution et
d’atteinte à liberté d’expression, que jed (journaliste en danger) a vu le jour en 1998.
La situation de la presse Congolaise à l’époque de Joseph Kabila
Après la mort du père, le fils
succéda. Dans son discours d’investiture, joseph Kabila a promis, entre autres,
de garantir la liberté de la presse et d’expression. Cependant cette période
liée aux grandes personnalités politiques. Elle est caractérisée par une
bipolarisation entre une presse pro Kabila et celle pro-opposition. Mais selon
les organisations de défense des droits de la presse et des JED, OMAC
(organisation des médias d’Afrique centrale) et RSF (reporters sans
frontières), le travail des journalistes et leurs personnes n’étaient pas
encore totalement sécurisé.
INTERVIEW: GRAND PÈRE ALPHONSE MANZANGA, agé de 80 ans